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San-Antonio entre en scène

 

PRESSE : L'IMPARTIAL du 28/02/2006

Dans «San-Antonio entre en scène», Thierry Meury endosse le costard de l'écrivain Frédéric Dard. Et celui de Thierry Meury, observateur attentif de la prose dardienne. photo sp

THEÂTRE
Monsieur cent mille mots
A La Chaux-de-Fonds, Thierry Meury dompte la langue charnue de Frédéric Dard. Il ne se contente pas du monologue et ajoute un rôle à «San-Antonio entre en scène». Le sien

Au pays du synonyme, Frédéric Dard est roi. Pour le sexe masculin, au hasard, son dictionnaire personnel recense le pire et le meilleur, mais toujours en bonne quantité. Dès jeudi, et pour trois soirées, au Zap Théâtre de La Chaux-de-Fonds, les copains de zob et paf seront dans la bouche de Thierry Meury. L'humoriste joue «San-Antonio entre en scène», une pièce montée à Fribourg sous la houlette de Patrick Nordmann. L'automne dernier, le metteur en scène avait apprécié ce texte proposé par le théâtre Tumulte à Neuchâtel avec le comédien Philippe Thonney. «Mais nous avons travaillé différemment», raconte Thierry Meury.

«Un auteur profond»

Selon lui, la version neuchâteloise reprenait le texte original «sans changer une virgule». Or les quarante dernières pages parlent beaucoup de «faire minette». «Nous avons pris un peu de distance. Je me suis même ajouté un rôle». Thierry Meury s'implique et intervient en observateur de la prose dardienne. D'ailleurs, Patrick Nordmann dit de ce spectacle qu'il est consubstantiel, «en un mot», souffle Meury.

De «San-Antonio entre en scène», «nous avons aussi éliminé les parisianismes, explique-t-il. Nous avons gardé les trente premières pages et puisé dans d'autres textes de Frédéric Dard, notamment ceux dans lesquels il règle ses comptes avec l'Académie». L'auteur de 300 romans vendus à 270 millions d'exemplaires bataille encore contre les critiques qui ne voulaient voir son oeuvre qu'au kiosque de la gare. «Pour moi, c'est Monsieur cent mille mots, un auteur profond, s'enthousiasme Thierry Meury. Il porte un regard original sur la vie». Dard évoque la solitude ou la mort. «Pas vraiment la sienne, il a trop de pudeur. Il a toujours eu un peu de crainte à en parler. Pour Thierry Meury, il y a comme une volonté de ne pas y toucher, même s'il parle de la mort de ses proches.

«Un pied d'enfer»

Dans la pièce, Frédéric Dard s'adresse au futur écrivain comme le ferait un papa, un parrain. «Comme écrivain, il a l'habitude de parler à un seul lecteur, d'où le tutoiement». Pour l'apprenti, il développe les règles de base. Et les conseils fusent: ne te cache pas derrière les mots, appelle «un chat, une chatte». Bien sûr, le sexe figure en bonne place dans le texte de Dard. «Mais ce n'est jamais gratuit», assure le comédien. Vives ou franchement scabreuses, il utilise ces images pour amener d'autres idées. «Il parle du rapport homme-femme. Il dit des choses importantes».

Thierry Meury a pris «un pied d'enfer» lors des huit représentations au Bilboquet de Fribourg. «Je fais tous les boulots que j'aime en un seul spectacle. Je suis à la fois acteur et humoriste». Si Thierry Meury joue en costard, c'est aussi pour respecter l'auteur. Frédéric Dard écrivait tous les matins de 8 heures à midi. «Il se levait et se mettait en costume-cravate, m'a confié sa veuve. Ce n'était pas le genre à poser la veste. Il n'aurait jamais écrit une ligne en pyjama». /JLW

La Chaux-de-Fonds, Zap Théâtre, jeudi 2 mars, vendredi 3 et samedi 4 à 20h30

Jean-Luc Wenger